ENGLISH

Atelier Soleil


Histoires de faïence à Moustiers

Moustiers, terre d’abondance des potiers

Grâce à ses ressources en eau, en bois et en argile, Moustiers fut une terre d’abondance pour les potiers bien avant de devenir la capitale de la faïence en France, de la fin du XVIIe au début du XIXe siècle.

Premier faïencier du village vers 1680, Pierre Clérissy connaissait le secret de l’émail sur céramique. Il créa le décor « à la Bérain », inspiré des dessins de Jean Bérain, artiste à la cour de Louis XIV. C’est d’ailleurs à ce dernier que Moustiers doit alors son essor : pour financer ses guerres, le Roi-Soleil réquisitionna l’argenterie du royaume, laquelle dut être remplacée par une vaisselle raffinée…

D’autres faïenciers moustiérains célèbres sont Joseph Olérys, qui introduisit la polychromie, Joseph Fouque et les frères Ferrat, grands spécialistes de la technique délicate du petit feu (voir lexique ci-dessous).

La production de faïence décline au cours du XIXe siècle et le dernier four s’éteint à Moustiers en 1873. Mais en 1925, Marcel Joannon, connu sous le nom de Marcel Provence, rallume la flamme et les fours, créant également l’Académie de Moustiers et le Musée. Il sera bientôt suivi par l’artiste faïencière Simone Garnier (voir son tableau ci-dessus), qui inspirera une nouvelle génération d’artisans.

Source : Académie de Moustiers.


Les mots du maître

L’art de la faïence a son langage : voici donc quelques mots clés pour vous aider à décoder les paroles du maître faïencier…

Barbotine : une pâte fluide d’argile utilisée pour le collage entre elles des parties d’une pièce avant cuisson, par exemple une anse ou un bec de théière.

Biscuit : faïence obtenue après une première cuisson à 1 020°. La terre est alors dure, ocre et poreuse. Le biscuit est ensuite plongé dans un bain d’émail.

Émaillage : une fois le biscuit cuit, il est rapidement plongé dans un bain d’émail, qui est constitué d’une pâte liquide à base d’étain. À ce stade, la pièce peut être décorée avant de subir une seconde cuisson pour vitrifier l’émail.

Fleur de solanée : décor caractéristique de la tradition Moustiers, consistant en bouquets symétriques de trois ou quatre fleurs en polychromie se répétant en alternance autour d’un bouquet central. Contrairement à une idée répandue, il ne s’agit pas de fleurs de pomme de terre, mais plutôt de fleurs imaginaires (selon l’Académie de Moustiers).

Grotesque : type de décor introduit dans la tradition de Moustiers par Joseph Olérys, inspiré par des scènes et des personnages de la Commedia dell’Arte et divers motifs d’ornements vus sur des sites de restauration de monuments en Italie.

Petit feu : technique qui consiste à peindre un décor sur émail cuit et qui nécessite donc une troisième cuisson, à 750 degrés seulement, pour fixer les couleurs.